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Cheval, apprends-moi à vivre

Cheval, apprends-moi à vivre

Publié le 01/10/2019 à 23:00

Le cheval nous pousse sans cesse à devenir une meilleure version de nous même. Il nous pousse à être honnêtes avec nous-mêmes, à affronter nos propres idées reçues et sortir de nos carcans. Grâce à lui, nous nous retrouvons face à un miroir et trouvons nos propres clés.

Il est des paradoxes qui ne le sont pas tant que ça et, en parfait maître d'école, le cheval nous enseigne. Alors écoutons-le.

 

Actif dans le repos

Bien sûr que c'est possible !

Nous sommes alors au repos physiquement parlant : peu ou pas d'action. Mais nous pouvons en ce faisant avoir une activité mentale et/ou cognitive de manière consciente et volontaire. Nous sommes présents, notre pensée et nos sens sont en éveil.

Exemple : Je m'assois dans un coin de pré, je reste tranquille et j'observe. J'observe mon cheval évoluer avec les siens : je regarde, j'écoute, je sens, je ressens. Commet communique-t-il ? Quelle est sa place ? Comment se déplace-t-il ? Quelles sont ses interaction avec son environnement ? Je m'imprègne de ce que je vois, et le garde dans un coin de ma tête et de mon coeur pour plus tard...

Tranquille dans le mouvement

Nous avons ici ce que je considère comme la base de toute action, quel que soit le domaine.

Nous sommes en action la plupart du temps de nos journées, nos muscles travaillent de manière quasi-discontinue. Mais de quelle façon ? Nous nous devons d'avoir des actes et des gestes contôlés. Le calme et la canalisation sont les maître mots et vont venir s'opposer à l'agitation. Nous savons ce que nous faisons, pourquoi et comment, ce qui nous permet de le réaliser tranquillement, sans précipitation, l'esprit lucide et apaisé.

Exemple : A cheval, mes aides sont directement reliées à mon cheval. Si je souhaite réaliser un mouvement technique, je dois coordonner toutes mes actions. Je sais qu'elles ont ont toutes une incidence, je sais ce que je fais, pourquoi et à quel moment. Toute agitation parasiterait ma demande et je ne pourrais obtenir la qualité de mouvement souhaitée : Je m'agite, mon cheval s'agite ; Je suis calme et décontracté, mon cheval l'est également.

Energique dans la douceur

Ici, tout est question de régulation. Nous devons faire preuve de tonicité, de détermination et d'anticipation. Tonicité de signifiant pas brutalité ou excitation. La douceur viendra de notre anticipation, de notre précision, et de notre capacité d'adaptation et d'écoute. Plutôt que de faire de long discours, une image me vient comme une évidence : une main de fer dans un gant de velours.

Exemple : Je travaille à pied et je souhaite demander à mon cheval une transition montante. Je dois être capable de modifier mon attitude en amont, afin de le prévenir que quelque chose va se passer, puis je monte mon niveau d'énergie au moment de donner l'ordre, afin de lui suggérer l'impulsion nécessaire. Cependant, tout débordement de ma part ou geste superflu le crisperait et le mettrait à la fuite, alors je contrôle et régule cette montée d'énergie afin de garder un cheval souple et à l'écoute.

Autoritaire dans le respect

Deux mots : ferme et juste. Que je regrouperai en un seul : leadership.

Il s'agit ici de nous faire entendre sans toucher à l'intégrité physique et mentale de notre (nos) interlocuteur(s). Nous devons être capables de transmettre, de communiquer, d'expliquer, de réexpliquer, de montrer, d'accepter et comprendre l'erreur... Et tant d'autres choses encore...

NB : Par respect j'entends respect de l'autre, mais également respect de soi !

Souple dans l'effort

C'est ici que s'invite notre incontournable respiration ! Une respiration correcte, avec une expiration profonde permettent la détente musculaire (et n'oublions pas que le cerveau est également un muscle !). La détente musculaire permet la souplesse. N'oublions donc pas de respirer, quel que soit l'effort et sa nature, physique ou mental. Nous aurons donc alors de la souplesse et donc de l'adaptabilité musculaire et mentale.

Exemple : J'apprends à trotter assis. J'inspire et expire profondément par le ventre. Mes musces se détendent, mes articulations sont plus souples et peuvent suivre le rythme de mon cheval, je saute moins dans ma selle. Mon cerveau est alors libre de se concenter sur autre chose que mon équilibre : direction, emploi des aides, environnement...

Attentif dans la confiance

Ayons confiance en nous, tout en étant conscients de nos faiblesses. Ayons confiance en l'autre, sans nous laisser aller ou aveugler.

La confiance est la base de toute relation, mais elle ne doit en aucun cas occulter nos capacités d'écoute et de vigilance.

Exemple : Je pars en extérieur avec mon cheval. Il est habituellement calme, nous connaissons le chemin par coeur. Il suffit qu'un animal surgissant d'un bosquet, que mon cheval trébuche, que je fasse tomber quelque-chose... Et tout peut être remis en question. Je dois être prête et capable de réagir face à toute éventualité, dans un contexte sécurisé et sécuriant.

Réfléchi dans l'action

Action, adrénaline, émotions. Beaucoup de nos actions sont automatisées à force de les répéter, d'autres sont moins habituelles, plus intenses. Quelle que soit l'action réalisée, nous nous devons d'être présents mentalement au coeur de celle-ci, nous devons la vivre, la sentir et la ressentir en temps réel. Pas de place pour le "pilotage automatique" ni pour l'ivresse des sensations sans retenue. Place à la capacité d'écoute, d'analyse, d'adaptation. Nous devons rester assez lucides pour savoir ce que nous faisons, pourquoi et comment.

Exemple : Je suis sur un parcours de CSO. Mon cheval fait un gros saut, je suis déstabilisée. Malgré l'enjeu que peut avoir la compétition, malgré le chronomètre, malgré cette envie pressante de boucler mon parcours, je dois être capable, une fois mes esprits (et ma place) retrouvés, d'ajuster notre équilibre, notre trajectoire, notre vitesse... afin d'aborder l'obstacle suivant dans les meilleures conditions.

Humble dans l'ambition

Nous devons vouloir progresser. Nous devons toujours viser plus haut. Nous devons nous dépasser.

Mais nous devons aussi être capable de nous fixer des objectifs réalisables, de nous remettre en question, de parfois reculer pour mieux sauter (vous savez, cette notion de "perdre" du temps pour en gagner ensuite !).

Posons-nous simplement cette question : Ce que je fais, ce que j'entreprends, le fais-je pour moi ou pour les autres ?

 

Le cheval a ici une place de choix en tant que médiateur, et j'ai appuyé mes exemples sur le monde équestre, mais il va de soi que l'objectif et de réussir à faire le parallèle avec toutes sortes de situations vécues et à vivre.

Alors regardons, écoutons, ressentons, essayons... et réussissons !

 

Claire Saint-Yves - 01.10.2019.

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