Depuis quelques années, la préparation mentale connaît un essor certain dans le milieu sportif français, qu’il soit professionnel ou amateur. C’est une des composantes de la performance sportive, au même titre que la préparation physique, technique, ou encore tactique. Elle se définit comme :
« La préparation à la compétition par un apprentissage d’habiletés mentales et d’habiletés cognitives, et dont le but principal est d’optimiser la performance personnelle de l’athlète tout en promouvant le plaisir de la pratique et en favorisant l’atteinte de l’autonomie » J. Fournier
La préparation mentale présente différents champs d’intervention : individuelle, collective, ou de sensibilisation. Ses buts sont multiples, et dépendent de chaque individu et situation : elle s’adapte aux objectifs et personnalités. On peut citer par exemple :
- Le développement des habiletés mentales
- La gestion du stress
- L’augmentation de la confiance en soi
- La fixation d’objectifs
- Le développement de la motivation
- L’optimisation de la concentration
- Le renforcement de la cohésion
- Le développement du leadership
- L’amélioration de la communication
- La prévention / le retour de blessure
- La préparation de fin de carrière / reconversion
- …
Et l’entraîneur dans tout cela ?
Dans la représentation et l’utilisation de la préparation mentale, on se préoccupe généralement des sportifs, mais rarement des entraîneurs, arbitres, et staff technique ou médical. Cependant, elle est toute aussi pertinente pour les personnes accompagnant ou gravitant autour des sportifs. Nous allons voir pourquoi. Nous nous penchons aujourd’hui sur le cas de l’entraîneur, mais le raisonnement sera le même concernant le staff dans sa totalité.
Tout d’abord, quelques chiffres.
Concernant l’ensemble de ses actions et responsabilités, 50% de la performance de l’entraîneur est due au mental. En effet, les aspects physiques, tactiques et techniques ne lui sont pas demandés autrement que dans le champ des connaissances et du savoir (donc intellectuel : restitution et transmission par la communication).
Plusieurs études ont été menées concernant le potentiel relationnel et émotionnel de l’entraîneur vis-à-vis des joueurs qu’il supervise. Il en ressort que l’impact émotionnel de l’entraîneur sur ses joueurs et liée à :
- 55% à sa gestuelle
- 38% à son expression vocale
- 7% au contenu des mots employés
N’oublions pas que le rôle de l’entraîneur est concepteur (d’objectifs, de séances…), organisateur (de situations, de la structure du groupe…), communicateur (aussi bien en interne qu’en externe), animateur (développe le climat motivationnel, organise les interactions…) et évaluateur. Il s’exprime donc dans la production des joueurs ainsi que dans sa communication avec eux.
La préparation mentale de l’entraîneur peut alors avoir plusieurs rôles
- Sensibilisation
- Compréhension
- Communication
- Gestion de groupe
- Adaptation
- Transmission de valeurs
En effet, un entraîneur est engagé lui-même dans son activité, mais il y engage également ses valeurs ! « On ne transmet pas uniquement ce qu’on sait, ni ce qu’on veut, on transmet aussi ce qu’on est » J. Jaurès.
La préparation mentale est donc là pour aider l’entraîneur à être le plus pertinent et juste possible dans sa gestion du groupe, tout en étant le plus serein possible. Plusieurs outils permettent un travail adapté et personnalisé aux objectifs et besoins de chacun :
- Entretien d’explicitation / Auto-confrontation
- Cohérence cardiaque
- Dialogue interne
- Imagerie mentale et motrice
- Mise en place de routines
- PNL (Programmation Neuro-Linguistique)
- Respiration / Relaxation / Sophrologie
- …
Une fois sensibilisé et familiarisé, l’entraîneur sera donc plus à même de réaliser ses propres objectifs et performances, mais aussi de mieux comprendre le fonctionnement de chacun des athlètes auquel il a affaire et d’être donc le plus pertinent possible lors de ses interventions. Il sera en effet à même de connaître les mécanismes mentaux mis en jeu pour percevoir, évaluer, traiter un information et décider. L’entraîneur en aura alors conscience et sera en mesure d’utiliser les siens à bon escient, mais aussi de créer un contexte les favorisant, optimisant ainsi la motivation et la prise de décision de ses joueurs lors de ses discours.
Conclusion
Nous pouvons donc affirmer que contrairement aux représentations que l’on s’en fait, la préparation mentale prend une place tout aussi importante pour les entraîneurs et personnes d’un staff sportif que pour les sportifs eux-mêmes. Il s’agit d’un vaste sujet, dont nous pourrions disserter point par point dans le détail. Le rôle de l’entraîneur est spécifique, et demande donc une préparation spécifique également. Il en va de même concernant le corps arbitral, qui est un mélange des capacités et habiletés demandées aux athlètes et aux entraîneurs. Nous en parlerons plus en détail prochainement, ainsi que de la préparation mentale des gardiens de buts, sollicités de manière différente que les joueurs de champ.
Claire Saint-Yves - 2018